- Bienvenue sur le blog du webpage de Mgr Aris.
Les questions-réponses infra sont générées à partir du groupe sur WhatsApp VULGARISATION LITURGIQUE ET DOCTRINALE. Bonne et fructueuse lecture à tous!
<<Est-ce que l’Apôtre Paul n’a pas défini le sens du Royaume? Est-ce que notre manière d’être ou d’agir ne rend pas visible le Royaume?
Si le Règne de Dieu veut dire le Royaume de Dieu, je vais recopier ce texte:
« Car le Règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint »(Rm14,17).
Le Royaume de Dieu consiste à faire le bien. Je pense que le Royaume pourrait être déjà visible aux yeux de ceux qui pratiquent les commandements de Dieu et dans la vie de ceux qui ont conscience que le Christ habite en eux.>>
Tu as raison règne et royaume s’équivalent dans la théologie aujourd’hui et même on préfère le mot règne à celui de royaume.
Mais il se pose une question de méthode d’exégèse sur l’ensemble de cette question aussi. En principe on ne laisse pas une parole de Jésus pour aller vers une autre référence du NT. On fait l’inverse. Voilà pourquoi on a toujours tendance à considérer la voix de Jésus lui-même quand dans l’évangile c’est lui qui prend la parole.
Mais il y a un second point théorique et théologique: la question du royaume ou règne est une spécialité des évangiles faisant suite à la prédication de la conversion de Jean Baptiste. Jésus aurait prêché le royaume après l’échec ou la mort de Jean Baptiste. Et c’est en ce sens même que ce Royaume tient tellement de place dans la prédication de Jésus comme relai entre sa vie terrestre et sa vie après sa résurrection. C’est surtout pourquoi on a compris qu’il était le Royaume lui-même. Ce qui concorde bien avec la théologie des attributs divins qui sont l’essence et la substance de Dieu même. Ainsi partout où se trouve Dieu il est avec tout ce qu’il est. Or comme il est le seul dont l’essence coïncide avec l’existence, ce qu’il est doit être compris par nous comme ce qu’il a.
Je n’avais pas voulu aller si loin dans la première ébauche de réponse que je donnais sur le royaume. S’il y a d’autres clarifications qui sont nécessaires et que je serai en mesure de donner, je le ferai.
Merci beaucoup.
« Bon Lundi à tous!
Les baptisés ont-ils besoin de se convertir? Merci. »
Depuis le 16ème siècle avec Luther on connaît le refrain : ecclesia semper reformanda qui se traduit par l’église est toujours en train de se convertir. On ne termine donc jamais une entreprise de conversion personnelle. Selon saint Augustin la conversion est conversio ad Deum, c’est à dire se tourner vers Dieu c’est donc surtout le baptisé qui se tourne vers Dieu Par sa conversion.
Je pense que le temps vient où nous pouvons commencer par étudier la prière eucharistique. Cela ne doit pas faire peur. Alors j’attends vos questions pour commencer.
La prière eucharistique est ce bloc ou corpus qui débute avec la préface et s’achève avec le Par lui et en lui. Si vous vous sentez assez courageux pour pénétrer dans cette immense forêt, je serai là pour vous empêcher de trop vous égarer.
Pourquoi la prière Eucharistique est-elle le centre et le sommet de toute la célébration? Merci
Cette question ne se rapporte pas à l’action mais à la célébration. Il y a donc deux choses l’action devenue action de grâce et la célébration faite de plusieurs actions y compris de l’action de grâce. La prière eucharistique est le sommet de quelle action ? C’est une question très difficile à répondre.
Commençons par nous demander si la prière eucharistique est prière ou action. Quand nous prions est-ce la même chose qu’agir ? Nous savons qu’il y eut l’action de Jésus lors de la dernière cène. Cette action est double: d’abord faire la cène et ensuite transformer cette cène en son corps et son sang. Mais les deux actions ne sont pas identiques.
Donc la première chose que je voulais clarifier c’est cette double action du Christ qui est devenue l’héritage de l’église. Mais comment celle-ci peut-elle réaliser cette double action ? Il semble que matériellement ce n’est pas possible. Voilà pourquoi cette double action de Jésus Christ est devenue un sacrement. Je pense avoir répété assez souvent que ce sacrement qui a eu dans l’histoire près d’une vingtaine de noms n’est jusqu’à présent pas bien nommé. Le terme retenu Eucharistie n’a rapport qu’à une partie de la célébration et à toutes les actions faites dans la célébration.
L’expression prière eucharistique héritée de ce défaut ou déficit dans la nomination. Maintenant cette deuxième clarification faite je vais tenter une définition de la prière eucharistique dont je viens de dire qu’elle est aussi mal nommée que l’ensemble du sacrement.
La prière eucharistique est l’application des faits et gestes de Jésus Christ lors de la dernière cène à transformer les éléments matériels en corps et sang du Seigneur avec le concours ou la puissance de l’Esprit Saint pour en faire un sacrement.
Cette définition est une tentative. J’avoue qu’elle est lourde. Mais il faut bien comprendre que tout ce que l’église peut faire c’est de les transformer en sacrement. La prière eucharistique est l’acte opératoire de ce mystère.
Cette prière est dans la deuxième partie de la célébration de cet ensemble que nous nommons Eucharistie. Alors l’ensemble de la célébration a-t-elle besoin de toute la première partie dite célébration de la Parole ? Si oui pourquoi faire ? Je ne suis pas compétent pour y répondre. Mais je peux donner quelques informations factuelles.
Dans la prière eucharistique nous avons
1) la préface
2) le sanctus
3) l’épiclèse
4) la prière consecratoire
5) l’anamnèse
6) les intercessions
7)la doxologie
Il se pourrait que j’oublie des éléments car le classement des actions est fait de mémoire sans tenir compte de la diversité des prières eucharistiques.
Pour continuer avec les informations factuelles aujourd’hui nous avons 13 prières eucharistiques dans le rite romain ou pour être plus clair dans le missel romain. Je les cite:
4 qui sont numérotées de 1 à 4. La première est appelée canon romain.
Ensuite il y a 4 prières eucharistiques pour circonstances particulières. Chacune a un titre. Le premier est Jésus modèle de charité. Je ne cite pas les autres titres.
Il y a trois prières eucharistiques pour Assemblées d’enfants. (La nouvelle traduction du missel ne les pas encore traduites). Il y a 2 prières eucharistiques pour la réconciliation.
D’où le nombre 13. Mais il y a une quatorzième c’est la prière eucharistique pour les mariages qui se trouve uniquement dans les rituels de mariage.
Dans les informations factuelles une chose semble être oubliée c’est la communion. En effet on pourrait se demander : à quoi bon un repas s’il n’y a pas de convives ? Mais la communion qui achève l’action eucharistique (c’est la première fois que j’emploie ici cette expression) est extérieure à la prière eucharistique. Car la communion est devenue une partie de la célébration.
Comme j’ai dit ce sont les informations factuelles. Nous devons entrer dans les détails de tout cela. Je m’efforcerai de le faire autant que j’en serai capable. Vos questions pourront venir agrémenter et compléter mes faibles lumières. Ainsi je me suis servi de la première question pour initier le parcours. Je réponds aux autres questions tout en gardant à l’esprit les informations factuelles et le nombre de prières eucharistiques. Si je m’en écarte, je vous prie de me rappeler à l’ordre gentiment.
« Bonjour Mgr ! Voilà ma question !;Comment nous laïcs pouvons étudier la prière eucharistique. Pourriez -vous m’ éclairer la dessus ? Merci. »
Les laïcs ont toujours étudié la prière eucharistique lorsqu’ils étudient la théologie sacramentaire. Mais il y a plusieurs sortes d’études possibles sur la prière eucharistique et aussi il y a plusieurs angles à considérer. L’aventure des prières eucharistiques a commencé au 3ème siècle quand nous en avons la prière qui est écrite. Il y en a beaucoup car chaque église ou diocèse pouvait avoir la sienne. C’est pourquoi j’ai précisé que nous en avons 13 dans le missel romain.
Mais un laïc peut aussi étudier les prières eucharistiques sur le plan de la spiritualité et en faire un objet de méditation. Les spécialistes privilégient deux angles: l’angle théologique et l’angle philologique.
« La prière eucharistique est-elle purement chrétienne ou a-t- elle une influence juive? Merci. »
Ici les choses sont compliquées. J’ai dit que nous avons une première prière eucharistique écrite qui date du 3ème siècle. Il s’agit de savoir sur quel modèle les prières eucharistiques ont été composées. Et c’est là que les spécialistes ont logé les comparaisons avec la liturgie juive et spécialement du Seder. Si vous n’avez aucune information sur la liturgie juive d’hier et d’aujourd’hui mieux vaut ne point s’aventurer dans cette forêt. Moi je ne maîtrise pas bien les informations élémentaires sur le judaïsme du temps de Jésus. Mais les spécialistes nous disent que les comparaisons sont acceptables et recevables.
Mais il y aurait une question à résoudre au préalable : la dernière cène fut-elle un repas pascal ou non? Jusqu’à présent les spécialistes ne sont pas d’accord entre eux sur une réponse unique à cette question. Jésus a bien dit qu’il voulait manger la Pâque avec ses disciples mais les 4 récits de l’institution des 3 évangiles synoptiques et celui de Paul en 1co 11 ne permettent pas de conclure qu’il y avait un agneau pascal au cours du dernier repas. Or en dehors de cette certitude il est difficile de savoir quel modèle de prière Jésus a utilisé. Vous voyez que ce n’est pas facile.
Souhaitez-vous que nous étudions ensemble la prière eucharistique selon le plan en 7 points que j’ai énumérés ? Faites-moi savoir. Sinon je ferai selon la majorité des participants sur le groupe.
« Bon Mercredi à tous!
Comment la Préface est-elle organisée? Merci. »
Qu’est-ce que la préface ? Et pourquoi il y en a de si nombreuses ?
Du latin praefatio le préfixe prae signifie avant, pour et le verbe fari signifie dire, faire.
La préface est une introduction solennelle à l’action de grâce qui va se dérouler. Elle initie à entrer dans la louange ineffable et inédite.
La préface est donc le début de la prière eucharistique (désormais PE). Mais les liturgistes avaient discuté et discouru longuement pour savoir où et quand commencé la PE. On la faisait commencer avec l’offertoire au Moyen âge ou même avec l’épiclèse. Le consensus théologique et doctrinal s’établit que la préface.
Celle-ci commence avec un dialogue. Lequel dialogue semble nous venir du 2e siècle.
Quel est le rôle de ce dialogue ?
Le dialogue de la préface a pour charge de montrer qu’il s’agit d’une œuvre communautaire celle de l’action de grâce. Dans le dialogue le célébrant représente le ciel et l’assemblée la terre. Ce dialogue est comme une mise en scène de l’action eucharistique.
Après la dialogue qui sert d’introduction à la préface nous avons la préface proprement dite. Elle est divisée en 3 partie: les titres de louanges, le chant de la louange et la conclusion de la louange.
La préface est l’excellence de la louange par définition. Il est difficile de composer cette pièce car il faut un équilibre rare pour dire l’essentiel sans verser dans le verbiage théologique ni enfler le texte de propos ronflants.
La première partie et la troisième sont presque toujours invariables.
On dit toujours « Vraiment il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce toujours et en tout lieu par ton Fols Jésus Christ notre Seigneur ». La conclusion dit aussi toujours « c’est pourquoi avec les anges et tous les saints qui ne cessent de t’acclamer, Nous chantons l’hymne de ta gloire et sans fin nous proclamons ». Je cite de mémoire mais il y a peu de variations. La deuxième partie, le corps de la louange, met en état le mystère en célébration. Par exemple pour une prépa de la Vierge on dira que la maternité n’a pas altéré mais a consacré la virginité, etc.
Les préfaces sont nombreuses. Dans le missel on en a plus de 80.
Il y a deux types de préfaces les fixes et les mobiles. Les fixes font corps avec la PE comme pour le numéro 2 et le numéro 4.
On a des préfaces pour toutes les circonstances et toutes les messes. Ainsi pour les dimanches, pour les saints, pour les pasteurs, pour les martyrs, pour les défunts. Il y en a qui sont dites communes et qui peuvent utiliser le dimanche ou sur semaine.
Si vous avez des questions sur la préface n’hésitez pas. Et si je fais des omissions, prière de me les rappeler.
Merci Monseigneur, c’est vraiment intéressant. J’ai une question s’il vous plaît. Vous dites qu’il y a plus de 80 préfaces. On peut utiliser plusieurs d’entre eux pour une même célébration ? Merci.
« Merci Mgr pour ces multiples explications précises nous permettant de mieux comprendre notre religion Mgr ! Pourriez -vous m’expliquer pourquoi est ce qu’ on n’utilise pas les mêmes préfaces dans toutes les occasions ou bien dans toutes les messes solennelle? »
J’embrasse les questions posées dans un seul regard pour y répondre.comme précisé il y a deux types de préfaces les fixes et les mobiles.
Les fixes sont soudées à la PE et il n’y aurait pas grand intérêt à faire la séparation pour en briser l’unité. C’est au prêtre de respecter cette unité. Par exemple les canons 1 et 3 n’ont pas de préface. C’est plus facile de les utiliser à toutes les célébrations. Mais les autres PE ont chacune une préface propre c’est-à-dire qui fait corps à la PE.
Autrement dit les préfaces s’adaptent plus facilement au mystère du jour en célébration que la PE elle-même. Par exemple dans le missel romain on a deux préfaces pour les messes en l’honneur de Vierge Marie, deux pour les fêtes ou solennités des Apôtres, cinq pour les messes des défunts, une pour les Pasteurs, une pour les Saints, sept pour les messes dominicales. Il y a des préfaces dites communes qui pourraient être utilisées et les dimanches et sur semaine. Mais surtout il ne faut pas oublier qu’il y a des préfaces propres pour chaque temps fort par exemple pour Avent, Noël, Épiphanie, Carême, Pâques. Il y a aussi certaines fêtes de saint qui ont une préface propre aussi par exemple saint Jean Baptiste.
Alors maintenant vous pouvez commencer par comprendre que la préface est une courte hymne qui vient avant la PE et qu’on compose à volonté moyennant qu’on en a la science. Mais un prêtre, un évêque ne peut décider de composer une préface qu’il va utiliser dans une messe qu’il va célébrer. C’est le Dicastère pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements qui régule cela. Ce n’est pas l’évêque ou la conférence des évêques. Pourtant en principe ceux-ci peuvent proposer des préfaces et même des PE. Par exemple dans les années 1970 la Suisse avait proposé des PE. Il y en a aujourd’hui qui sont dans le missel romain.
Par exemple je pourrais écrire une préface et une PE, alors je dois les envoyer à la CONALI qui est la commission épiscopale de liturgie qui doit faire un premier examen et décider si elle va les envoyer au Dicastère compétent au Vatican qui la seule instance à décider après l’approbation du pape.
Je dis plus : si la CEF décide de faire ou de composer une messe complète pour la Nôtre Dame du Perpétuel Secours qui est la patronne D’Haiti, elle doit faire ce que je viens de dire. Et après les approbations du Vatican on pourra les utiliser en Haïti. Mais cela peut prendre plus de 10 ans car l’ex processus de corrections sont longues et engagent plusieurs spécialistes pas seulement dans la liturgie et la théologie.
Ainsi de même qu’on utilise une seule PE dans une célébration on utilise une seule préface aussi.
À ne pas oublier que quand le prêtre prépare la messe, préface et PE font partie de la préparation aussi.
Dans le missel il y a des préfaces qui sont notées musicalement; si le célébrant connaît la musique il doit répéter avant de venir cantiller dans la célébration. Car la préface et la PE sont cantillées et non chantées.
Ainsi ce petit bijou de poème qu’est l’hymne que nous nommons préface est là pour introduire au mystère ineffable que la PE va développer dans la messe. C’est comme pour nous autres nous savons qu’il y a des tenues appropriées à chaque occasion et événements. Et bien la préface est comme cela. Et plus que cela.
Faites l’expérience prenez un missel romain ou même un missel des fidèles et allez à la partie où se trouvent les préfaces car elles sont groupées ensemble et analysez les et vous verrez que l’introduction et la conclusion sont presque toujours stables avec des variations sans importance. Mais le cœur de la préface c’est là que se fait la différence avec une autre préface.
Toutes les préfaces commencent avec « Vraiment il est juste et bon …»
Et toutes finissent avec « C’est pourquoi avec les anges…. ». Le milieu où le cœur peut commencer avec un Oui ou un Nous ou même Dans le mystère….
Je vous pose la question maintenant : quelle doit être l’attitude des autres fidèles (y compris les concélébrants) pendant que le célébrant principal dit ou cantille la préface ?